Première lettre sur l’harmonie

Aux émeutiers de Minneapolis et d’ailleurs
cette traduction est dédiée

Quelque part dans Londres il y a un juge qui, tous les sept jours, paie une prostituée pour rejouer les crimes de ceux qu’il a condamnés au cours de la semaine, pendant qu’il regarde en se masturbant. Désolé, j’ai essayé et je n’arrive pas à tourner correctement cette phrase. J’ai lu des trucs là-dessus sur Facebook ce matin et, tu sais, c’est chiant. J’espérais avancer un peu sur les réflexions que je me faisais au sujet du système des harmoniques pythagoriciennes, et de quelle façon il repose sur un point central consciemment fictionnel pour stabiliser sa force symétrique. Il y a un passage à ce sujet dans les Œuvres de Lénine (Vol. 38), et je pense que ça pourrait être utile, même si je sais pas vraiment à quoi. Mais en tout cas, je pouvais pas m’arrêter de penser à ce juge. Et puis j’ai commencé à me demander, si en fait — un si non négligeable, j’avoue — il ne produisait ces émissions de façon assez délibérée, comme source d’une vibration centrale par laquelle le système judiciaire pourrait imposer une analyse nouvelle et extrêmement rigide de la ville, dans laquelle il serait possible de maintenir une atmosphère stérile afin de propager un nombre réduit de sentences officielles (disons, par exemple, sept) à partir desquelles on pourrait dériver toute pensée possible. Sexe magique, ouais. Toute cette merde ridicule. Ne va pas croire que je deviens un de ces branleurs avec une gueule à la David Icke : en termes de mythe originel, il s’agit d’une structure narrative relativement traditionnelle. Ce dont ce juge ne se rend probablement pas compte, cependant, c’est que chacun de ses jets de particules va nécessairement invoquer une sentence auxiliaire, qui, sous sa forme faible, ne peut s’exprimer que dans certains cris d’incrédulité et de crainte, mais qui sous des conditions extrêmes peut — et c’est une possibilité à ne pas négliger — se manifester en dernière instance comme un anneau d’antiprotons, autrement connus comme chiens d’attaque. Hackney, par exemple. Ces chiens d’attaque sont stables, mais leur durée de vie moyenne est courte parce que n’importe quelle collision avec une sentence officielle conduit à leur annihilation réciproque dans un jaillissement d’énergie bref mais très intense. En d’autres termes : achète un flingue, apprends à tirer avec, trouve-toi le premier boulot venu à la Haute cour, et puis résous quelques équations très simples. J’espère que tu vas bien, au fait. Le ciel au-dessus de Londres est laiteux et fétide.

11 novembre 2011

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